A la uneDivers

BAM! : le Bluetooth enfin au service des micros

Pouvoir brancher à son smartphone un bon micro sans fil via Bluetooth, les journalistes mobiles en rêvent. Voilà pourquoi BAM! s’annonce comme une des vedettes des Rencontres Francophones de la Vidéo Mobile

Je vous avais présenté il y a quelques mois le BlueDriver F3 de JK Audio, une solution de transmission Bluetooth permettant de connecter sans fil un micro XLR à un iPhone afin de l’utiliser dans Filmic Pro par exemple. Une solution bien pratique quand on veut stabiliser son smartphone avec un gimbal sans l’alourdir ni le déséquilibrer avec un câble ou un support bricolé. Seulement, outre son prix un peu élevé (près de 300 €) le Blue Driver F3 comprime gravement le son. Pour garantir la transmission sans fil, son concepteur JK-Audio a choisi de réduire drastiquement la qualité du signal sonore.

Ça, Joël Antonin l’a tout de suite constaté. Alors Directeur technique de la chaîne suisse Canal 9, celui-ci s’est attelé il y a un an à développer une meilleure solution de transmission Bluetooth…  Adepte du MoJo, geek, et inventif, Joël Antonin était déjà le concepteur de Meo, un support usiné sur une imprimante 3D qui permet d’installer et d’équilibrer un micro canon type Rode VideoMic Me sur un Osmo Mobile ou un Osmo Mobile 2. Je vous en avais parlé il y a près d’un an, après avoir rencontré Joël lors d’un de mes passages en Suisse, où j’avais pu testé ledit Meo sur les bords du Léman.
« L’idée de BAM! est apparue juste après quand j’ai réalisé qu’il était temps de couper le câble audio » explique Joël. Après avoir  testé le Blue Driver de JK audio  « j’ai fait beaucoup d’essai de composants notamment concernant l’interface Bluetooth et le convertisseur A/D jusqu’à trouver ceux qui offraient la meilleure qualité. Ensuite, le développement a été relativement rapide.»

C’est ainsi que BAM! (pour Bluetooth, Audio for Mojo) a vu le jour et sera présenté en avant première aux Rencontres francophones de la vidéo-mobile. BAM! surpasse le Blue Driver parce qu’il est possible d’y régler le niveau d’entrée du micro XLR avec lequel on l’utilise, parce qu’il intègre un VU-mètre pour visualiser le niveau, ainsi qu’une alimentation « phantom » +48V à destination des micros à condensateur. Le tout pour un prix inférieur à la solution américaine : les premiers investisseurs de la campagne Kickstarter devraient l’acquérir aux alentours de 150 € , les moins rapides aux alentours de 200 €.

Pour industrialiser son transmetteur, Joël Antonin est en train de créer sa société, Antonin Systems, épaulé par la fondation suisse Cimark. Deux détails d’importance que le teaser ci-dessus ne met pas forcément en évidence : 1) BAM! ne permet d’utiliser un micro XLR qu’avec certaines applis caméras gérant le Bluetooth (Filmic Pro naturellement, sur iOS ou Android par exemple ou encore Cinema FV5 côté Android).  De quoi tordre un peu le cou aux « pros » du micro (Sennheiser, Shure, Rode) qui soutiennent depuis des mois que le protocole Bluetooth est inadapté à la transmission sans fil d’un son de qualité.  « Ils ont tout à fait raison, s’amuse Joël Antonin. Ce sont des puristes dans le sens très strict du terme : pour le « Broadcast », ils attendent une captation qui reproduit à 100% le spectre des fréquences audibles par l’homme avec une parfaite instantanéité entre émission et réception. BAM! ne respecte que partiellement ces conditions qui sont des limitations liées au Bluetooth : le délai est de l’ordre de 20ms (< 1 frame). Ce qui le rend tout à fait imperceptible. Avez-vous remarqué un quelconque décalage dans la vidéo du teaser ? ». Pour le reste, la réponse en fréquence de BAM! est de 50Hz à 7kHz. « Les puristes diront que le spectre n’est pas intégralement couvert. C’est vrai, mais les sons (de voix) produits par l’homme le sont à 100%, y compris les harmoniques de nos mécanismes laryngés. On économise simplement un peu de bande là où c’est possible en faisant l’impasse sur des données d’échantillonnage inutiles.»

J’ai été un des premiers à investir dans la campagne Kickstarter le 11 février. Pas seulement pour en profiter du tarif « early bird », mais surtout parce que je n’ai aucun doute sur le succès que va rencontrer BAM! chez les pros du MoJo. Ni sur le fait qu’il donnera rapidement envie à d’autres marques de tenter de le copier et qui sait, de l’intégrer dans de nouveaux modèles de micros bon marché, ou de le proposer en pack avec un micron main et un micro cravate. À bon entendeur…

[sibwp_form id=2]
Laurent Clause

Laurent Clause

Journaliste par vocation, spécialiste des nouvelles technologies depuis la fin des années 80, je suis devenu réalisateur d'images et formateur (à la vidéo en général et à la "vidéo mobile", sur smartphone, en particulier). J'ai enseigné le MoJo à l'Ecole de Journalisme de Sciences-Po Paris et interviens avec ma société Milledix notamment à Gobelins l'Ecole de l'Image, pour Samsa, le groupe CapCom ou aux Antilles et à la Réunion pour Inzy-Learning . J'enseigne l'écriture audiovisuelle, le montage avec FCP X, Adobe Premiere Pro ou Da Vinci Resolve et bien sûr la vidéo mobile, le MoJo (mobile journalism), le tournage avec Filmic Pro, Open Camera ou autres et le montage notamment avec Adobe Rush, LumaFusion ou VN..

5 Comments

  • Florent dit :

    Les « pros » du micro ont bel et bien raison. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce sont des pros sans guillemets.
    Ne vous déplaise, la bande passante de la voix humaine est un peu plus complexe que vous ne le laissez entendre. Vous en doutez ? Enregistrer votre voix sur une interface et un micro pleine bande, puis appliquez un filtre coupe-haut à 7kHz. Vous entendrez forcément la différence car il y a tout de même des informations là-haut… même si effectivement la plupart de l’énergie se trouve entre 50Hz et 7kHz.

    Ce que m’inspire la vidéo teaser dès la première écoute c’est surtout une mauvaise compression type mp3 à bas débit (128 kHz et encore…). Là encore faites des comparatifs, le constat sera sans appel.
    Les constructeurs vous ont dit que le Bluetooth n’est pas un protocole adapté et ce que je viens d’entendre leur donne raison.

    Maintenant si vous souhaitez faire le choix d’avoir une qualité de son médiocre, c’est également votre choix de souhaiter des outils pour le faire. Cependant ce n’est pas parce que le constat technique vous déplaît qu’il faut considérer les gens qui le font (Sennheiser, Shure…) comme des idiots.

    Heureusement qu’ils continueront de sortir du matériel digne de ce nom pour assurer des prises de sons digne de ce nom.

    À bon entendeur…

    • Christophe dit :

      Comme précisé par l’auteur, « Les puristes diront que le spectre n’est pas intégralement couvert ». Ici on parle d’un usage pour des interviews, et la qualité du son produite est tout à fait suffisante. Sinon on pourrait aussi critiquer l’image du smartphone, qui est en dessous de celle d’une caméra professionnelle.

      Personnellement je trouve ça bien qu’on tende vers ce type de solution, et je crois aussi que les grandes firmes y viendront. D’ailleurs dans leurs catalogues il y a pas mal de produits assez bas de gamme qui ne sont pas au niveau de ce qui est proposé ici.

      • Florent dit :

        Et bien non. Ce n’est pas être puriste que de dire que ce n’est pas suffisant. Ce qu’on entend est à peine au-dessus du téléphone (voix HD) en terme de qualité. C’est comme si on considérait que la SD était suffisante pour l’image. Ça n’a aucun sens.
        Pourquoi sur une interview se contenterait-on d’un son médiocre ?
        Je ne dis pas qu’il ne faut pas tendre vers ce genre de solutions, mais dans l’état actuel des choses, sur un iPhone le Bluetooth n’ est pas suffisant comme vous dîtes.

  • […] avec une connectique USB-C.  En attendant l’étape suivante : le transmetteur Bluetooth (comme BAM pour faire mieux que […]

Leave a Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.