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Quelle lumière pour un tournage au smartphone ?

Le principe est simple : les tout petits capteurs des smartphones réagissent bien à la lumière du jour : sous un ciel bleu d’été, les images sont top ! Bien plus belles que celles filmées en intérieur, fin décembre en fin de journée, avec les plafonniers allumés : là de curieux petits points en mouvement (du « bruit ») apparaissent souvent dans les zones sombres des images.

La lumière du jour d’abord

Fort de ce constat, privilégiez autant que possible la lumière du jour quand il s’agit de faire une interview par exemple. Sortez d’un bureau sans fenêtre, pour vous approcher d’une fenêtre ou d’une baie vitrée. Placez-vous toujours le dos à la lumière, l’interviewé face à vous, ou légèrement de 3/4 pour que son visage soit majoritairement éclairé. Malheureusement, on n’a pas toujours une fenêtre sous la main (façon de parler) et les tournages ne se déroulent pas seulement de jour entre le 15 mai et 15 septembre ! Il est donc souvent nécessaire d’éclairer une scène ou un sujet avec une source d’appoint.

Fonctionnelle plus qu’esthétique

« Comment obtient-on une belle lumière pour une interview, comme celle que j’ai vue l’autre jour dans le documentaire… » A cette question, j’ai pris l’habitude de répondre de façon lapidaire : en faisant appel à un chef opérateur ou un directeur photo !

La lumière, c’est une affaire de pro : les beaux éclairages qu’on voit souvent dans les interviews des documentaires ou des magazines à la télé nécessitent généralement 3 ou 4 sources lumineuses. On parle d’éclairages « 3 ou 4 points« . Et pour les mettre en place, il faut au bas mots entre 3à minutes et parfois plusieurs heures. Impensable quand on veut filmer quelqu’un pour moins d’une minute de présence à l’image dans un sujet court ! L’éclairage esthétique demande une vraie installation qu’on entreprend seulement quand cela le mérite. Parce que l’interviewé sera filmé pendant une heure, ou parce que l’installation servira à éclairer plusieurs témoins dans le même décor, qui défileront sous les projecteurs durant une journée de tournage ou plus.

En reportage, on n’a généralement pas le temps pour le beau, on veut juste de la lumière fonctionnelle : celle qui est nécessaire pour que le visage du témoin soit bien visible le temps qu’il est à l’image. Pour cela, pas besoin de 2, 3 et encore moins de 4 « points » : une seule source lumineuse suffit.

Faites une croix sur le flash

Je ne parle évidemment pas du flash du smartphone : sa puissance suffit à éclairer une serrure ou le dessous d’un meuble, mais elle ne convient pas à illuminer correctement une scène à filmer. Et encore moins de façon décente un sujet situé à 1m50. Outre sa faible  puissance, sa position à côté de l’objectif du smartphone, pose problème.

Adoptez une minette

La source de lumière unique, traditionnellement perchée au dessus de la caméra en tournage, s’appelle une « minette ». Il s’agit aujourd’hui d’un éclairage de type LED, dont on peut régler l’intensité avec une molette ou des boutons poussoir (ce qu’on appelle un « dimmer » en anglais). A partir de 15€, le prix de ces petites LED varie en fonction de leur puissance, de quelques critères que je détaille ci-dessous, ainsi souvent que de leur indice CRI.

  • Sur les petits modèles d’entrée de gamme à une dizaine d’euros, on peut généralement ajouter un petit filtre diffuseur orangé ou bleuté pour réchauffer ou refroidir la lumière. Afin de l’harmoniser avec celle de la lumière ambiante (lumière artificielle -bleutée, ou lumière du jour -jaune-).
  • Sur la plupart des minettes à partir de 25€, on peut faire varier la température de couleur des LED avec une petite molette, entre les 2500 degrés Kelvin de la lumière -chaude- artificielle et les 6000 degrés Kelvin de la lumière -froide- du jour. Ces minettes sont dites bicolores.
  • Enfin à partir d’une trentaine d’euros, on trouve de plus en plus de modèles RGB, sur lesquels on peut choisir aussi une couleur parmi des milliers de nuances. Soit pour éclairer un sujet, ou plus souvent donner une ambiance colorée au décor en arrière-plan. J’utilise, pour ma part, une Falcon Eyes F7 et des Sandmarc Pro Light, un modèle bicolore et un modèle RGB.

Quelle que soit la minette, elle devra être vissée sur une petite rotule. Celle-ci sera fixée :

  • dans l’idéal sur un pied monté un peu plus haut que le sujet à éclairer et en piqué, placé un peu sur le côté. Il vaut mieux que l’éclairage ne soit jamais pleine face, mais décentré pour éclairer le personnage de façon non uniforme ;
  • au pire sur la griffe flash du grip tenant le smartphone.

Et les ring lights ?

Prisés des vlogueurs et des influenceur(se)s, les anneaux lumineux (ou « ring lights ») sont surtout fait pour les face caméra en mode selfie. Ces LED circulaires sur pied intègrent généralement un grip pour accrocher le smartphone au centre de l’anneau. Outre sa portée très limitée, l’inconvénient de ce type d’éclairage est d’être souvent visible sous la forme d’un cercle blanc autour de la pupille ou sur les verres de lunettes du sujet. Certains tentent d’utiliser les ring lights comme éclairage décentré, sur le côté du sujet. Mais mieux vaut alors recourir à de gros projecteurs LED équipés d’une boîte à lumière pour obtenir une lumière plus douce et diffuse.

A contre-jour

Au risque de vous décevoir, filmer quelqu’un à contre-jour, devant une fenêtre par exemple, demande beaucoup de lumière pour éclaire le sujet afin de compenser la trop forte source lumineuse en arrière-plan. Certains smartphones un peu haut de gamme proposent de corriger -numériquement- ce déficit de lumière sur le sujet à contre-jour. Traditionnellement, pour qu’on voit le visage de la personne placée le dos à la lumière, il faut l’éclairer avec un projecteur ou un panneau LED puissant, lourd, encombrant… Tout le contraire de ce qu’on souhaite pour le MoJo !

 

Laurent Clause

Laurent Clause

Journaliste par vocation, spécialiste des nouvelles technologies depuis la fin des années 80, je suis devenu réalisateur d'images et formateur (à la vidéo en général et à la "vidéo mobile", sur smartphone, en particulier). J'ai enseigné le MoJo à l'Ecole de Journalisme de Sciences-Po Paris et interviens avec ma société Milledix notamment à Gobelins l'Ecole de l'Image, pour Samsa, le groupe CapCom ou aux Antilles et à la Réunion pour Inzy-Learning . J'enseigne l'écriture audiovisuelle, le montage avec FCP X, Adobe Premiere Pro ou Da Vinci Resolve et bien sûr la vidéo mobile, le MoJo (mobile journalism), le tournage avec Filmic Pro, Open Camera ou autres et le montage notamment avec Adobe Rush, LumaFusion ou VN..

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