Sous l’influence des réseaux sociaux, la télévision revoit certains de ses codes et prend des libertés dans la forme de ses contenus. Pas toujours au profit de la qualité. Quelques exemples à ne pas suivre.
Facebook, YouTube, Twitter, Instagram, Snapchat, LinkedIn ou TikTok, toutes les plateformes sociales ont contribué et contribuent à démocratiser la création et la diffusion de contenus audiovisuels. Sans doute parce qu’elle n’en a plus le monopole et qu’elle s’affole de voir le jeune public lui préférer les contenus sociaux, la Télévision tente parfois de s’en inspirer. Sans toujours faire la part des choses entre les formats et les traitement innovants, et certains codes ou marques de fabrique discutables, pour ne pas dire pire. Dit autrement, est-ce parce que le public s’est habitué à voir tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux que la Télévision peut se relâcher ? Et s’autoriser un certain laisser-aller qui, hier encore, rimait avec médiocrité. A vous de juger…
TF1 passe le mur du son
Dans une vidéo (ou un film) le principal c’est le son. C’est bien pour cela qu’on ne peut décemment pas réaliser un « sonore » avec un smartphone sans utiliser un micro externe. Sauf à filmer, très exceptionnellement, le sujet à 1 m maximum, dans un lieu calme, avec un smartphone haut de gamme.
TF1 semble l’avoir oublié dans ce tout petit sujet, diffusé à la fin du 20h le 29 décembre 2022 : il était consacré à l’ambiance au Brésil le jour de la mort du roi Pelé. Je vous laisse apprécier l’intervention de l’envoyée spéciale à Rio.
Qu’est-ce qui ne va pas ?
On pourrait d’abord parler du cadre de l’intervention. C’est quoi ce truc au-dessus de la tête de la correspondante à Sao Paolo ? Des briques grises ? De la tôle ondulée ? TF1 l’aura jugé trop moche qu’elle n’a pas osé afficher en plein écran le minois de la journaliste au Brésil. Mais le vrai problème de ce petit plateau filmé au smartphone, c’est évidemment son son, déplorable ! L’intervention a été filmée au smartphone, sans micro externe, en bord de route. Autrement dit dans un environnement bruyant. Et le résultat est donc à peine audible, alors que les informations communiquées n’ont vraiment rien d’un scoop ! Surprenant de la part d’une des principales chaînes télé françaises. TF1 aura sans doute estimé que certaines vidéos sociales cartonnant avec du son d’encore plus mauvaise qualité, ils n’avaient pas de raison de se priver.
TV5 abuse des jump cuts
Autre mauvais exemple emblématique, sur TV5 celui-là, extrait de l’émission C est à vous, présentée par Anne-Elisabeth Lemoine. C’est l’interview d’un spécialiste de la BD. Là encore passons sur le cadre, même si le sujet est filmé collé devant un papier peint à motifs, qu’un minimum de distance aurait permis de flouter un peu. Là le vrai problème, c’est l’excès de cuts.
Qu’est-ce qui ne va pas ?
Cinq jumpcuts en à peine 25 secondes…Un record ! C’est quoi l’argument ? Que Norman et Cyprien en faisaient tout le temps dans leurs sketches sur YouTube il y a 10 ans ? Qu’on en voit partout sur les réseaux sociaux ? Eh ho les pros, les plans d’illustration -que d’aucuns appellent des plans de coupe- c’est pas fait que pour faire joli : ça permet de masquer ce genre de coupes à répétition. Le sujet cite un certain nombre de dessinateurs : Il n’aurait guère été compliqué de montrer leurs trombines en photo, ou quelques unes de leurs planches pour cacher cet excès de coupes…
BFM TV et ses fondus déplacés
Dans le mauvais exemple que j’ai repéré il y a longtemps chez BFM TV, au moins le MoJo n’est pas en cause. Bien avant l’avènement des smartphones, la chaîne d’info avait inauguré un artifice de montage pour le moins incongru dans ses interviews : le fondu enchaîné. Là où les autres médias usaient traditionnellement du fondu au blanc (ou du flash blanc) pour masquer une coupe dans une interview tout en l’assumant, un monteur chez BFM TV -un stagiaire diront les mauvaises langues- a du avoir naguère l’idée de mettre un fondu enchaîné pour se démarquer. C’est devenu depuis une marque de fabrique. Heureusement, jusqu’ici personne n’a osé la reprendre !
Qu’est-ce qui ne va pas ?
Un fondu enchaîné, c’est fait pour marier deux plans présentant des images de nature différente. Alors qu’une interview qui a été coupée génère deux plans consécutifs montrant le même sujet de premier plan sur le même décor d’arrière plan, qui plus est sans aucune variation d’échelle. Donc deux images de nature quasi identique, enchaînées. C’est ce qu’on appelle un « plan sur plan ». Alors y mettre un fondu enchaîné pour essayer d’adoucir la coupe, c’est comme essayer de réparer une photo dont il manquerait un bout en collant du scotch transparent sur deux morceaux qui ne sont pas contigus. C’est pas parce que personne n’avait osé le faire avant, que BFM TV peut se targuer d’avoir innover. Ce fondu enchaîné est aussi vain que moche !
Suis-je le seul que tous ces mauvais exemples dérangent ? Sans doute pas, mais le commun des mortels semble les accepter. Comme il accepte une baisse de qualité dans nombre de domaines. Si vous avez d’autres mauvais exemples du même genre dans les vidéos, faites-m’en part, je complèterai volontiers cet article.
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