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Luma Fusion : l’appli de montage la plus pro sur Android

Fleuron des applis de montage côté iOS, Luma Fusion est disponible en version bêta payante sur Android. Et contre toute attente, elle fonctionne plutôt bien sur mes vieux smartphones !

Jusqu’à ce que BlackMagic révèle, fin 2022, une adaptation de son outil de montage DaVinci Resolve pour les iPad Pro, il y avait sur iOS deux catégories d’outils de montage. D’un côté les applis comme iMovie, CapCut, InShot, VideoLeap, Kinemaster, VN et même Adobe Rush… Et en face, il y avait le vrai pro : Luma Fusion. Lancée en 2015, cette application de montage toutes options a largement contribué à l’éclosion du MoJo professionnel. Sur les appareils mobiles d’Apple, elle propose en effet des fonctions comparables à celles de Final Cut Pro X ou Adobe Premiere Pro. Au point que nombre d’utilisateurs ont mis au rebut leur ordinateur pour ne plus monter avec elle que sur iPad, parfois avec un stylet. Intérêt économique évident : l’application de montage ne coûte sur iOS que 32 € (à l’achat, une seule fois !) Auxquels, pour 30€ de plus, on peut ajouter une extension permettant d’exporter les montages de Luma Fusion au format xml pour les finaliser dans FCP X sur Mac.

Trop d’Androids pour les développeurs

Compte de tenu de la fragmentation de l’univers Android, je pensais que l’éditeur Luma Touch ne parviendrait jamais à proposer son appli de montage sur le système d’exploitation de Google. Je vous rappelle que si Apple a commercialisé un peu plus de 30 iPhones différents depuis le modèle originel sorti en 2007 jusqu’au 14 Pro Max, l’univers Android comptabilise lui à ce jour près de 30 000 configurations matérielles différentes depuis le lancement du système en 2007 ! Autant dire que développer une appli pour Android en espérant la voir fonctionner sur la majorité des appareils est une belle utopie ! Pour preuve, Adobe Premere Rush : l’appli fonctionne sur tous les iPhones depuis le 7, mais seulement sur une vingtaine de modèles Android.

Une appli vendue en version bêta

Voilà sans doute pourquoi Luma Touch a décidé, fin 2022, de commercialiser Luma Fusion sur Android en préversion (bêta) à 19 €. Soit 10€ moins cher que sa version iOS officielle. L’éditeur ne peut en effet garantir aujourd’hui qu’elle fonctionne sur l’intégralité des Androids. Mais il espère allécher avec un tarif préférentiel et compte sur les premiers utilisateurs pour faire remonter les bugs et les dysfonctionnements sur leurs appareils respectifs.

Disciple de Saint Thomas d’Aquin, c’est sans beaucoup y croire que j’ai déboursé 19€ pour installer Luma Fusion version Android sur un Samsung Galaxy S10 ainsi que sur un Pocofone F2 Pro. Et à ma grande surprise, l’appli y fonctionne plutôt bien.

Certes, j’ai noté quelques petits bugs. Parfois des difficultés à redimensionner la taille des fenêtres de l’interface, pourtant modulaire. Ou encore à connecter Luma Fusion à mon compte Dropbox, alors que j’ai pu la connecter à mon Google Drive sans problème. Une des forces de l’appli est en effet de pouvoir importer toutes sortes de fichiers depuis des dossiers dans le cloud (Dropbox, Box, Google Drive, One Drive). L’appli se fermé aussi inopinément quand je l’utilise trop rapidement. Et selon qu’on l’utilise en mode portrait ou paysage, elle ne parvient pas toujours à afficher tous les textes de ses options. Une version bêta avec des petits détails à améliorer, comme on pouvait s’y attendre…

Ducking audio automatique

Mais les fonctions principales de Luma Fusion, celles qui en font l’outil de montage le plus professionnel sur les appareils mobiles, sont parfaitement fonctionnelles. A commencer par le ducking audio automatique, qui reste à mes yeux (et à mes oreilles de journaliste mobile) une des fonctions clé du montage aujourd’hui. Et un des arguments clé de Luma Fusion (ou d’Adobe Rush). Concrètement, sélectionnez dans la timeline les clips d’interviews ou d’une voix off, et dans la fenêtre d’édition audio, sous l’onglet Configuration, indiquez que ces éléments sont de type Master. De cette façon, une musique de fond se baissera automatiquement en présence de ces éléments Master, pour remonter son niveau quand il n’y a que des illustrations à l’image.

Des keyframes pour animer

Autre fonction clé de Luma Fusion, les keyframes pour animer les cadres, les textes et les effets. Quelques petites applis comme VN ou Kinemaster, exploite aussi les keyframes pour animer certains éléments dans l’image (VN), ou faire varier le niveau du son (Kinemaster). Les keyframes de Luma Fusion vont un peu plus loin. Personnellement je les utilise régulièrement les pour révéler ou masquer du texte animé.

Une interface résolument pro

Connaissez-vous beaucoup d’applis de montage fonctionnant aussi bien en mode paysage qu’en mode portrait ? C’est le cas de Luma Fusion qu’on peut manipuler dans les deux sens. Même si la richesse de son interface utilisateur se prête mieux à l’utilisation en mode paysage… et sur une tablette plutôt que sur un smartphone. Mais les petites plus en matière de gestuelles et d’ergonomie de la version iOS sont aussi présents dans la version Android : la mixette pour contrôler le niveau de chacune des pistes audio audio, la sélection multiple, le cut à la tête de lecture en tapant simultanément à deux doigts de part et d’autre sur un clip, la séparation du son et de l’image avec trois tapes sur un clip…

Je n’ai certainement pas identifié tous ses bugs, faute de l’avoir utilisée sur plus de deux Android différents. Mais l’appli tourne quand même rudement bien. Comparée à sa grande sœur sur iOS, il lui manque l’extension qui transforme un montage en package .xml compatible avec certains logiciels de montage pro comme FCP X. Et d’aucuns la trouveront trop compliquée face à de petites applis comme CapCut, InShot ou VN. Je ne dis pas que c’est la plus simple à utiliser, mais que c’est bien la plus pro et la plus universelle, sur Android autant que sur iOS aujourd’hui. Parce que Da Vinci Resolve ne concerne que les iPad Pro (2022) dotés du processeur A12 Bionic, et je doute sincèrement qu’on la voit un jour arriver sur Android !

Laurent Clause

Laurent Clause

Journaliste par vocation, spécialiste des nouvelles technologies depuis la fin des années 80, je suis devenu réalisateur d'images et formateur (à la vidéo en général et à la "vidéo mobile", sur smartphone, en particulier). J'ai enseigné le MoJo à l'Ecole de Journalisme de Sciences-Po Paris et interviens avec ma société Milledix notamment à Gobelins l'Ecole de l'Image, pour Samsa, le groupe CapCom ou aux Antilles et à la Réunion pour Inzy-Learning . J'enseigne l'écriture audiovisuelle, le montage avec FCP X, Adobe Premiere Pro ou Da Vinci Resolve et bien sûr la vidéo mobile, le MoJo (mobile journalism), le tournage avec Filmic Pro, Open Camera ou autres et le montage notamment avec Adobe Rush, LumaFusion ou VN..

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