Mojo

Comment le MoJo est né en Irlande

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A quelques semaines de la MojoCon, grand-messe du journalisme mobile -autrement dit des technologies du smartphone au service de l’information plurimédia-, nous avons interrogé Glen Mulcahy, organisateur de l’événement, journaliste à la RTÉ et formateur.

Pourquoi le Mojo doit il s’imposer pour tous les journalistes ?

Capture d’écran 2016-04-03 à 08.48.05Glen Mulcahy : «Tout simplement parce que vous ne savez jamais où l’histoire va arriver. A l’aéroport de Bruxelles, le jour de l’attentat, il y avait un journaliste de Sky News qui faisait la queue pour embarquer et il n’avait sur lui qu’un smartphone. Le public s’est contenté de faire des photos et des vidéos et de les poster sur Twitter. Lui a été en mesure d’envoyer du contenu HD en direct sur Sky News. Avec le mobile, n’importe quel journaliste est potentiellement un correspondant d’actualité à plein temps. Le mobile est son lien direct et permanent avec l’ensemble de son audience.

L’avantage de ces technologies (MoJo), c’est qu’elles sont très accessibles du point de vue financier. Elles sont donc à la portée de tous ceux qui fournissent de l’information. Mais toutes les organisations n’ont pas toutes la même définition du mobile journalisme et la même stratégie. Certaines se contentent d’équiper leurs journaliste d’un smartphone, de deux applis et de leur dire, “pour chaque sujet tu fais deux photos, tu filmes 15 ou 20 secondes d’images et tu les mets en ligne pour illustrer ton papier”. Nous ce qui nous intéresse c’est jusqu’ou on peut pousser ces outils et jusqu’on on peut aller avec. Pour la télévision, ce qui nous intéresse c’est de filmer/monter des sujets complets sur ces appareils mobiles et de les transmettre pour qu’ils puissent être diffusés.»

Il faut être un peu geek pour être journaliste mobile, non  ?

Glen Mulcahy : « C’est vrai qu’il faut être un peu calé techniquement ou au moins passionné pour avoir envie de sortir de sa zone de confort, et d’explorer le potentiel de ces techno mobiles pour chercher jusqu’où on peut aller. » (NDLR : C’est un peu le rôle de la MojoCon et de ce blog notamment). En même temps, ce qu’il y a de bien avec les smartphones, c’est qu’ils sont extrêmement intuitifs. Aujourd’hui, vous pouvez filmer et monter un film en 4K avec un iPad pro, qui pourrait être diffusé en 4K si la télé en était capable. Et tout ça avec un budget inférieur à 3500 €, entre le smartphone, la tablette et tous les accessoires pour filmer -trépied, lumière et micro-. Rendez-vous compte : le ticket d’entrée pour la 4K est plus bas que ne l’a jamais été le ticket d’entrée à la vidéo professionnelle ! Quand j’ai commencé à travailler pour la télé en 1998, les caméras broadcast coutaient plusieurs dizaines de milliers d’euros. Aujourd’hui, vous pouvez enseigner les bases du montage avec iMovie sur un appareil mobile  en deux heures. Voilà ce qui a changé durant la dernière décennie. Et voilà pourquoi c’est essentiel pour les journalistes, réalisateurs, marketteurs… de maîtriser l’ensemble de ces techno mobiles.»

Pourquoi la RTÉ est-elle si impliquée dans le Mobile Journalism ?

Glen Mulcahy : « La RTE a initié le projet d’introduire le vidéo journalisme en 2000-2001. A l’époque, cela consistait à former les journalistes à réaliser des reportages avec des caméras de petite taille, type HDV, et à les monter eux-même. Il étaient déjà formés au montage depuis 1996 et c’était une évolution naturelle. J’ai très vite été appelé pour former les journalistes de la RTE puis les formateurs de la BBC et enfin ceux du CIRCOM. C’est comme ça qu’en 2011, durant une formation à Budapest -je possédais à titre personnel à l’iPhone 4 et un iPad 2- je me suis amusé à utiliser les accessoires que nous avions pour les caméras de cette formation (trépied, torche, micro…) pour tourner avec mon équipement mobile un sujet sur les formateurs et les apprenants. Je l’ai monté avec iMovie sur l’iPad et je j’ai transmis à la RTE via FTP avec une appli que j’avais sur la tablette. A la régie de la chaîne, personne n’a rien trouvé à redire. C’est quand je suis rentré à Dublin et que j’ai expliqué à mon boss comment j’avais réalisé ce sujet que la chaîne a décidé d’explorer les possibilités de ces nouveaux outils.

Nous avions déjà expérimenté le tournage avec des téléphones, ceux de Nokia notamment en 2007 et 2009. Mais leurs images étaient juste bonnes pour le web. Alors qu’à partir de l’iPhone 4, c’est devenu de la HD et donc bon pour une diffusion broadcast. Nous étions précurseurs ! La chaîne a alors investi sur ces outils de R&D et depuis 2011 nous n’avons jamais cessé de tester. La Mojocon est le prolongement logique : montrer et partager ce que nous avons appris de nos expérimentations avec ces nouveaux outils.»

Vous retrouverez une partie de cet entretien dans le prochain hors-série de 01Net « vidéo et smartphone » en kiosque début mai. Merci à Marc Blank-Settle, auteur de la photo d’ouverture.

Laurent Clause

Laurent Clause

Journaliste par vocation, spécialiste des nouvelles technologies depuis la fin des années 80, je suis devenu réalisateur d'images et formateur (à la vidéo en général et à la "vidéo mobile", sur smartphone, en particulier). J'ai enseigné le MoJo à l'Ecole de Journalisme de Sciences-Po Paris et interviens avec ma société Milledix notamment à Gobelins l'Ecole de l'Image, pour Samsa, le groupe CapCom ou aux Antilles et à la Réunion pour Inzy-Learning . J'enseigne l'écriture audiovisuelle, le montage avec FCP X, Adobe Premiere Pro ou Da Vinci Resolve et bien sûr la vidéo mobile, le MoJo (mobile journalism), le tournage avec Filmic Pro, Open Camera ou autres et le montage notamment avec Adobe Rush, LumaFusion ou VN..

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