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Le “journalisme mobile” ou la fin d’une corporation

“Mojo ou Mobile journalism”.  L’expression anglo-saxonne a bien du mal à entrer dans notre vocabulaire. Surement parce qu’outre-Manche et outre-Atlantique les journalistes sont moins “coincés” que chez nous ! En France, les journalistes jouissent d’un statut  bien à part, avec des privilèges qu’on a supprimé à beaucoup d’autres professions (un abattement fiscal de plus en plus difficile à justifier), des syndicats arc-boutés sur des principes d’un autre siècle et une corporation de moins en moins influente qui donne l’impression de s’accrocher à son siège alors que le bateau “presse” s’enfonce inexorablement…

Les journalistes sont des pleutres face aux technologies

Au delà de leurs privilèges et acquis, les journalistes français sont de vrais réactionnaires, avec une sainte peur des nouvelles technologies. Un comble pour ces témoins professionnels du monde qui les entoure ! Au milieu des années 80, ils ont refusé la PAO  -« Pas pro” disaient-ils- pour voir, au final, leur machine à écrire remplacer par le micro ordinateur. Dès les années 90 avec Internet, la plupart ont crié au scandale quand les patrons de presse ont osé leur demander d’écrire plus seulement pour le papier, mais aussi pour le Web. “Pas assez noble !”. Aujourd’hui encore dans les grandes rédactions, les anciens ne veulent toujours pas entendre parler de “bimédia” et surtout pas de CMS ou de réseaux sociaux. Et l’on y trouve d’un côté, ceux du “print”, les privilégiés les mieux payés, de l’autre, ceux du web, les parias, généralement les nouvelles recrues.

Etre “journaliste mobile” ou ne plus être

Et maintenant, il y a le plurimédia : écrit, online avec du son et de l’image. Alors que l’info est devenue instantanée avec Facebook et Twitter, que nos poches se sont alourdies de jouets mobiles aptes à capturer ou enregistrer des images et sons pour les mettre en ligne en quelques secondes, s’obstiner à ne jurer que par l’écrit revient à signer son arrêt de mort en tant que journaliste. Quand sa vocation -parce que c’est bien de cela qu’il s’agit dans ce métier à part- est d’informer, tous les moyens doivent être utilisés, à commencer par les plus modernes. Qui défendrait encore le pigeon voyageur à l’heure des réseaux sociaux ? Autrement dit, pour avoir le droit d’exister, le journaliste n’a plus le choix : il doit être « journaliste mobile”, user -et abuser- des technologies à sa disposition pour informer plus vite et mieux, ou ne plus être du tout.

Evolution naturelle du métier, le journalisme mobile est une obligation. Ne pas le pratiquer quand on a l’honneur et le privilège de posséder une carte de presse, relève aujourd’hui de la faute professionnelle. Si ce métier est en voie d’extinction, avec des milliers de professionnels sur le carreau, c’est qu’il tarde, en France, à se réinventer. Le journalisme mobile est pourtant l’inéluctable voie à suivre…

Laurent Clause

Laurent Clause

Journaliste par vocation, spécialiste des nouvelles technologies depuis la fin des années 80, je suis devenu réalisateur d'images et formateur (à la vidéo en général et à la "vidéo mobile", sur smartphone, en particulier). J'ai enseigné le MoJo à l'Ecole de Journalisme de Sciences-Po Paris et interviens avec ma société Milledix notamment à Gobelins l'Ecole de l'Image, pour Samsa, le groupe CapCom ou aux Antilles et à la Réunion pour Inzy-Learning . J'enseigne l'écriture audiovisuelle, le montage avec FCP X, Adobe Premiere Pro ou Da Vinci Resolve et bien sûr la vidéo mobile, le MoJo (mobile journalism), le tournage avec Filmic Pro, Open Camera ou autres et le montage notamment avec Adobe Rush, LumaFusion ou VN..

One Comment

  • Nicol dit :

    Pareil pour les photographes qui ne voulaient même pas entendre parler de numérique à l’époque, j’ai connus ça.

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