Glossaire

Non aux jumpcuts injustifiés !

Pour dynamiser les monologues de leur sketches, les Youtubeurs ont généralisé les « jumpcuts ». Ces coupes/raccords sans changement de cadre sont ainsi rentrés dans les mœurs alors que, jusqu’alors, les pros les évitaient. Par facilité on en voit maintenant dans les interviews au 20 Heures alors qu’il y a des moyens (simples) de les masquer.

Vous connaissez le principe du jumpcut : une scène en plan fixe est coupée au montage, on n’en garde que certains passages qu’on monte bout-à-bout et sans effet de transition (en cut). Comme le décor ne change pas, on voit quand même les sautes et on devine que la prise a été coupée. Pratique pour faire apparaître ou disparaître « Ma sorcière bien-aimée »  dans les années 60, le jumpcut s’est vu banalisé par Norman, Cyprien et beaucoup d’autres Youtubers en servant leurs intérêts comiques. Il est devenu si naturel que nombre de vidéastes plus ou moins amateurs y recourt aujourd’hui sans vergogne… dans les interviews. Dans une présentation professionnelle que j’ai vue en ligne il y a quelques semaines, j’en ai compté plus qu’une trentaine en moins d’une minute, 1 toutes les 2 secondes ! Pire : depuis quelques mois j’en décèle dans des interviews de 20 secondes au 20 heures de France 2. Alors je dis STOP ! Soit le jumpcut est voulu (pour une rupture comique dans le discours ou une apparition/disparition d’objet(s) ou de personne(s)), soit le monteur est un fainéant qui a salopé son travail en ne prenant pas les 10 secondes qui suffisent à masquer cette coupe disgracieuse. Au choix et ainsi que je l’explique dans la video ci-dessous :

  • en changeant de valeur de plan
  • en changeant d’angle et de caméra
  • avec un flash blanc
  • avec un morphcut

ou avec un plan d’illustration ou de coupe.

Mais Par pitié : si vous jetez vos détritus à la poubelle plutôt que sur la voie publique, alors n’utilisez les jumpcuts qu’à bon escient en masquant tous les superflus… en particulier dans les interviews ! Merci.

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Laurent Clause

Laurent Clause

Journaliste par vocation, spécialiste des nouvelles technologies depuis la fin des années 80, je suis devenu réalisateur d'images et formateur (à la vidéo en général et à la "vidéo mobile", sur smartphone, en particulier). J'ai enseigné le MoJo à l'Ecole de Journalisme de Sciences-Po Paris et interviens avec ma société Milledix notamment à Gobelins l'Ecole de l'Image, pour Samsa, le groupe CapCom ou aux Antilles et à la Réunion pour Inzy-Learning . J'enseigne l'écriture audiovisuelle, le montage avec FCP X, Adobe Premiere Pro ou Da Vinci Resolve et bien sûr la vidéo mobile, le MoJo (mobile journalism), le tournage avec Filmic Pro, Open Camera ou autres et le montage notamment avec Adobe Rush, LumaFusion ou VN..

6 Comments

  • […] Dans tous les cas, en filmant en 4K pour monter en 1080p, vous aurez la possibilité de recadrer vos images, pour dynamiser vos vidéos en évitant les jump cuts. […]

  • Florian dit :

    Bonjour,
    Pour ma part, j’utilise un fondu enchaîné en jouant sur sa durée pour améliorer la transition afin qu’elle soit plus douce. Est-ce une bonne méthode où est-ce déconseillé par les pros ?
    Je précise que je suis un amateur et que je travaille avec iMovie.
    Merci pour vos conseils très enrichissants !
    Bonne continuation.

    • Le fondu enchaîné convient mieux pour marier des images différentes (un plan d’illustration et un interviewé, ou deux plans d’illustrations). Personnellement, je n’aime pas fondre deux images du même individu dans la même valeur de plan. Mais cela reste mon goût.

  • Xof dit :

    Ah, content de voire que je ne suis pas le seul à m’irriter des jump cut sauvages.
    Les youtubeurs ont peut-être généralisé les « jumpcuts » pour dynamiser les monologues de leur sketches, mais à l’origine, c’était pour cacher leurs scories et parce qu’ils ne connaissaient rien à l’art du montage.
    Cela s’est effectivement répandu par fainéantise et ceux qui en usent (et en abusent) ne méritent pas d’être qualifiés de pro.

    Surtout que cela a aussi un effet pervers : à force d’en voir jusqu’à presque en avoir la nausée, on ne les apprécie plus autant à leur juste valeur quand ils sont employés par des réalisateurs talentueux dans un but artistique.

    • Michae_ dit :

      Nous sommes en 2020 et le phénomène s’est amplifié. L’effet est désastreux. Pas une vidéo youtube sans ce montage syncopé inepte ! Terminé le but narratif, fini la technique d’élagage, il s’agit aujourd’hui d’un véritable effet de mode purement gratuit. Insupportable : un cut après chaque mot d’une phrase, c’est se foutre de ses auditeurs !

      • Je suis malheureusement d’accord. Mais 95% des internautes spectateurs semblent s’en accommoder ou s’en foutre éperdument. Résultat, même les reportages aux JT ne se donnent plus la peine de masquer les coupes et laissent les cuts visibles (sans changement de valeur de plan) pour gagner du temps. « C’était mieux avant » disait l’autre. Parfois je me dis que je suis old school pour prêter autant d’attention à ces jump cuts.

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